La norme européenne (EN) 1627 propose une classification en 6️⃣ catégories (CR1 à CR6) décrivant les conditions des essais nécessaires à la certification ✅ des produits.
Il s’agit donc de classifier :
▶ quel type de Marcel-le-cambrioleur peut réussir à ouvrir la porte ;
▶ avec quels outils ;
▶ en combien de temps ⏰.
En CR1, Marcel est :
un cambrioleur occasionnel (livreur qui arrondi ses fins de mois) ;
muni de sa force physique ou d’outils simples (tournevis, pince, maillet) ;
sans limite de temps.
C’est donc une porte qui n’oppose aucune ❌ résistance à l’effraction (celle de vos sauf si vous êtes parano) : on tape fort dessus et ça s’ouvre.
En CR2, Marcel est pressé par le temps : il n’a que 15 minutes en tout (observation, contact, repos, changement d’outils) dont 3 minutes de temps de contact des outils avec la porte. Les outils sont très légèrement plus sérieux, mais restent facilement dissimulables : Marcel à le droit à des coins en bois ou plastiques ou encore une scie à métaux.
En CR3, Marcel a pris du galon, c’est un cambrioleur à mi-temps. Il a 20 minutes d’essai sur la porte dont 5 minutes à forcer dessus avec ses outils qui commencent à être spécifiques : pied de biche, chasse-goupille, petit marteau. C’est une classification (malheureusement) classique d’accès extérieurs en sites tertiaires ou industriels.
À partir de CR4 (et jusqu’à CR6), Marcel est un pro du cambriolage. Il dispose d’un temps d’essai (et de contact) conséquent (30, 40 ou 50 minutes) avec des outils sérieux comme :
de l’électroportatif (visseuse, scie sauteuse, perforateur, meuleuse)
des trucs louches qu’on ne peut pas avoir dans la rue sans raison (coupe-boulon, masse, merlin, hache)
Pour illustrer : en CR5 Marcel attaque votre porte pendant 15 minutes à la meuleuse 125 mm (celle que vous avez chez vous) et en CR6 c’est pendant 20 minutes avec un meuleuse de 230 mm et un merlin en ayant préparé son coup 30 minutes de plus.
4️⃣ limites que je vois à cette norme :
▶ elle ne prend pas en compte le bruit dégagé par la tentative d’effraction. 10 minutes d’effraction « froide » à crocheter une serrure, ce n’est pas 10 minutes de tapage à la meuleuse ;
▶ elles ne prend pas en compte les systèmes de sûreté active qu’on peut coupler avec les portes : une CR5 avec une alarme vibration n’est-elle pas plus sûre qu’une CR6 sans ?
▶ les « assaillants » connaissent les plans des portes avant l’essai ce qui n’est souvent pas le cas en conditions réelles ;
▶ une porte est certifiée en conditions d’usine. Lorsqu’elle est mal posée, sans respect des recommandations du fabricant ou de l’état de l’art elle n’assure plus sa certification (porte CR6 posée sur un bâti en placo).
Photo & sources : DOORTAL France et Heinen Doors